On ne paie pas, on ne paie pas

/De Dario Fo.
/Mise en scène/Christophe Rouxel.
/Avec Didier Royant, Delphine Lamant, Didier Morillon, Ludivine Anberrée et Frederic Louineau.
/Maquillage/Sylvie Aubry.
/Scénographie/Silvio Crescoli
/Collaboration artistique/Luigi De Angelis
/Création costumes /Caroline Leray
/Création lumières /Christophe Olivier
/Création son/Benjamin Rouxel
/Régie générale /Paul Seiller
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/Historique/

« On ne paie pas ! On ne paie pas ! » de Dario Fo nous intéresse parce que l’humeur de la comédie est associée ici à une réflexion politique pour former une farce militante jubilatoire. On trouve dans cette proposition de Dario Fo une formidable virtuosité à conduire les personnages dans une course haletante, à la fois absurde et sincère, vers une révolte manifeste d’ouvrières au milieu des années 70 en Italie. Presque un demi-siècle plus tard, le texte retrouve une jeunesse et une efficacité joyeuses. Ici des femmes et des hommes finissent par réaliser des actes identiques et pacifiques pour se venger de trop d’injustices à leur égard, avec des principes bien différents mais qui finissent donc par se rejoindre dans les actes.
« On ne paie pas ! On ne paie pas ! » C’est cette voix de femme qui crie à son homme : « La classe ouvrière, qui c’est ? C’est nous… Nous et notre rage, notre misère et notre désespoir… comme tous ceux qu’on est en train d’expulser. Regarde les… pire que des déportés… Tu ne veux rien savoir, tu te bouches les yeux. Tu n’es même plus un communiste… tu es un clérical de gauche… un couillon. » Et son homme de lui répondre : « Non je ne suis pas un couillon… Moi aussi, je me fous en rage, et ce n’est pas contre toi, c’est contre moi… contre mon impuissance. »
Les moments de crises sont tellement récurrents qu’on finirait par s’y habituer. Alors pour ne pas se laisser prendre à trop de désabusement, entrons avec Dario Fo en crises de rires et d’engagement furieux et joyeux.
C’est dans cet état d’esprit que j’aborde le travail de « On ne paie pas ! On ne paie pas ! »

/La pièce/

On ne paie pas ! On ne paie pas !

C’est le slogan lancé en choeur par un millier de femmes ulcérées par la montée des prix dans un supermarché de la banlieue de Milan.
Antonia repart chez elle surchargée de grands pochons de courses. Elle rencontre Margherita, sa voisine, qui lui donne un coup de main et elle lui raconte par le menu la révolte puis la mise à sac du supermarché. Mais que faire de ces marchandises « volées » ? Le mari d’Antonia, Giovanni, syndicaliste pur, dur, et légaliste ne supporterait aucun compromis.
Antonia décide de mentir, purement et simplement. Mais la situation s’accélère. L’état a réagi très vite à cette atteinte grave à la propriété et au commerce. La police, puis la gendarmerie, par vagues successives, ratissent le quartier, procèdent à une fouille méticuleuse des appartements.
Antonia, dépassée par les évènements, s’emberlificote dans des mensonges de plus en plus farfelus. Elle cache une partie des marchandises sous le manteau de sa voisine. La voilà enceinte ! Giovanni, qui revient du boulot, est surpris. Il s’interroge. Ce quiproquo va déchaîner une avalanche d’évènements invraisemblables dont le grotesque va révéler avec une efficacité redoutable les dysfonctionnements d’une société en crise où les rapports d’oppression, de spéculation et de profit ont acculé les classes modestes à l’indignité.
Et Giovanni peut répondre à ceux qui disent :
« On n’avait pas raison, nous autres, les gens de gauche ? Voyez !
Le capitalisme s’effondre ! »
« … oui, le capitalisme s’écroule… mais il s’écroule sur nous. »

/L’auteur/

Depuis 1979, Christophe Rouxel mène une carrière professionnelle consacrée au théâtre : acteur, formateur, metteur en scène et directeur de compagnie. Attaché à une éthique de théâtre exigeant et populaire, il n’a cessé d’explorer des modes singuliers de représentation pour favoriser la rencontre avec de nouveaux publics.

De 1982 à 1990, à Rieux (56), son village natal, il dirige un projet de création théâtrale en milieu rural. Il signera trois mise en scène présentées durant sept ans devant 70 000 spectateurs. En 1986, il réalise Port-Nazaire, naissance d’une ville industrielle, Saint-Nazaire, où il a fondé et installé le Théâtre Icare en 1984.

Depuis 1990, il s’attache essentiellement à la direction artistique de cette compagnie, conventionnée depuis 1995, qui a à son actif plus de trente créations : Koltès, Weiss, O’Neil, Bourdon, Chevalier, Valentin, Beckett, Bihan, Wenzel, Simon, Zariab, Shakespeare, Cannet, Büchner, Duras, Morrison, Odensten, Claudel, De Angelis, Vauthier, Karge… Depuis plusieurs années, il a constitué une équipe d’acteurs et de formateurs, qui intervient dans de nombreux espaces d’éducation et au sein même du Théâtre Icare.

Il a encadré de nombreux stages à l’international – Chili, Portugal (avec l’aide de l’AFAA et de l’Alliance Française), et en France dans les conservatoires de Bordeaux, Angers et La Roche-sur-Yon -, et participé à un stage de mise en scène avec Peter Brook (1993). Il est également sollicité pour des lectures, comme récitant avec diverses formations musicales et comme comédien.

Entre 1995 et 2001, il est élu membre du Conseil Economique et Social de la Région des Pays de la Loire. Il fait aujourd’hui partie du Comité Théâtre-Conseil du Conseil Général de Loire-Atlantique, du Comité pour la dramaturgie de la MEET (Maison des Ecrivains Etrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire) et du Grand T (Scène conventionnée de Loire-Atlantique). Il est également membre du jury du Prix de l’écriture théâtrale de Guérande. Andorra est la trente-deuxième mise en scène de Christophe Rouxel avec le Théâtre Icare.